J’ai un problème avec ce livre.
Il m’a cueillie sans prévenir alors que je flânais chez mon libraire favori, et je l’ai embarqué en m’en frottant les mains tellement j’apprécie les (trop rares) écrits de Mona Chollet. Dans la liste des auteurs figure également Sébastien Fontelle, dont je lis distraitement le blog Politis de temps à autre.
J’étais également séduite par le sujet, tant je suis navrée par ces éditocrates moi aussi, qui à mon sens traversent le journalisme en dilettante mondain.
Le contenu a l’avantage de confirmer ce que je soupçonnais : les auteurs font ce pénible travail de lecture des scrabouillages ineptes de ces éditocrates pour y relever toutes leurs contradictions avec le plus élémentaires bon sens, les mises en accord des vestes qu’ils portent avec le sens du vent.
Oui mais. Et après ?
Entre le pamphlet, qui dénonce mais ne construit pas, et l’essai, qui peut dénoncer sous une forme un peu satyrique mais s’appuie sur une analyse globale et aboutit à une proposition concrète, il y a cet ouvrage : après une introduction hâtive, les dix portraits s’enchaînent les uns aux autres sans homogénéité de ton entre les différents auteurs, et le livre se termine comme ça, sur cette accumulation d’éditocrates.
C’est bien écrit, quod est demonstrandum, mais on pouvait attendre mieux de la part de tels auteurs, qui s’en tiennent au commentaire de texte sans pour autant élever le débat, et conclure sur les impacts concrets que peuvent avoir les pique-assiette éditocrates sur le dos de notre société.
C’est dommage, parce qu’en aboutissant sur rien lorsqu’on va précisément sur la critique du brassage d’air, c’est à la limite de nous mener à l’arroseur arrosé. Cet ouvrage qui s’envole léger comme une chronique de blog n’aboutit jamais au poids rhétorique propre à faire bouger un cheveu des éditocrates qui cernent la presse française.
A lire, cependant, car c’est du matériau brut pour les fondements d’une analyse et d’un discours engagé, en espérant que les auteurs reprendront la plume pour allier leurs actes à leur discours.
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